La rupture avec le ministre du Travail : L’UMT en colère
L’Union marocaine du travail (UMT) a pris position contre Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences. Lors de son conseil national, tenu le 8 février 2025 à Casablanca, l’organisation a décidé de ne plus le considérer comme un interlocuteur valable, suspendant ainsi sa participation aux instances de dialogue social qu’il coordonne. Ce tournant fait suite à l’analyse d’une situation jugée alarmante tant sur le plan social que politique.
Un climat social marqué par la détérioration
Lors de cette réunion, des représentants des fédérations, des syndicats et des unions locales se sont réunis pour discuter des problèmes touchant les travailleurs. Le communiqué final souligne une dégradation notable du pouvoir d’achat, une hausse persistante du chômage, et une précarité croissante dans le milieu professionnel. En outre, l’UMT évoque des violations répétées des libertés syndicales et critique vivement le gouvernement, perçu comme manquant d’engagement envers les discussions sociales.
Des accusations envers le ministre Sekkouri
L’UMT n’a pas mâché ses mots concernant le ministre du Travail, l’accusant d’avoir manipulé les statistiques relatives à la grève générale des 5 et 6 février 2025. Alors que le syndicat revendique une participation de près de 85%, Sekkouri aurait présenté des chiffres qui minimisent cette mobilisation. Cette divergence a créé une rupture significative : pour l’UMT, toute communication avec le ministre est désormais considérée comme impossible.
Conséquemment, le syndicat a décrété son retrait des instances tripartites importantes, y compris le Conseil de la négociation collective et plusieurs autres commissions dédiées aux problèmes d’emploi. Cette décision traduit un rejet clair de la légitimité de Sekkouri à mener le dialogue social.
Des chiffres à nuancer
L’UMT a pris soin de clarifier les méthodes de calcul de la participation à la grève. Selon le syndicat, les chiffres doivent se baser sur les secteurs où ils sont actifs, ce qui est en ligne avec les normes internationales. Le syndicat a également rappelé qu’environ 200 000 fonctionnaires, représentant près de 35% du personnel public, n’ont pas le droit de grève, une réalité souvent ignorée dans les statistiques officielles. En outre, il souligne que plus de 61% des travailleurs du secteur privé ne sont pas pris en compte dans ces chiffres, lesquels concernent principalement les grandes entreprises, laissant de côté la grande majorité de la main-d’œuvre.
Responsabilité gouvernementale et appel à l’action
Dans son communiqué, l’UMT met également l’accent sur la responsabilité du gouvernement, qui, selon elle, contribue à une montée du mécontentement parmi les travailleurs. Elle critique notamment l’adoption d’une nouvelle législation encadrant le droit de grève, jugée inacceptable. La mobilisation des travailleurs a été saluée, tandis que les représentants parlementaires de l’UMT ont exprimé leur désaccord avec cette loi en quittant la séance de vote.
L’UMT encourage ses membres à rester vigilants et à maintenir leur mobilisation. Elle confirme son engagement à défendre les droits des travailleurs, laissant à sa direction la latitude de prendre les décisions qu’elle estime nécessaires dans les prochaines étapes de son action.
Perspectives d’avenir
La situation actuelle soulève des interrogations non seulement sur la relation entre l’UMT et le gouvernement mais également sur l’avenir du dialogue social dans le pays. La suspension de la participation aux instances décisionnelles par le syndicat marque un tournant dans les relations professionnelles, et les conséquences de cette rupture pourraient être significatives tant pour les travailleurs que pour les politiques gouvernementales en matière d’emploi et de droits du travail. Les prochaines semaines seront donc cruciales pour observer l’évolution de ce face-à-face entre le gouvernement et le mouvement syndical, ainsi que pour anticiper les réactions de la base des travailleurs face à cette situation de tension.