Réactions de l’Union de l’Action Féministe sur la Réforme du Code de la Famille
Dans un contexte de débats autour du Code de la Famille marocain, l’Union de l’Action Féministe (UAF) se positionne en critiquant les récentes propositions de réforme. S’inscrivant dans la lignée d’autres associations qui défendent les droits des femmes, l’UAF exprime des réserves quant à l’efficacité et la pertinence des nouveaux changements envisagés pour la Moudawana, qui semble encore loin de répondre aux aspirations des militantes féministes.
Propositions jugées insuffisantes
Suite à une réunion de leur Conseil national, l’UAF a publié un communiqué où elle dépeint les réformes comme « insuffisantes et déconnectées des réalités sociales ». L’organisation plaide pour une transformation profonde qui soit en adéquation avec les grands principes énoncés dans la Constitution et les engagements internationaux du Maroc en matière de droits humains.
L’une des critiques majeures émises par l’UAF concerne la méthode choisie par le gouvernement pour mener cette réforme. Le choix de ne pas rassembler un comité unifié, composé d’experts variés, pour examiner la question a été perçu comme un facteur de fragmentation. Cela a créé une atmosphère de confusion et de divergence qui a miné la clarté et l’efficacité des propositions présentées, tout cela avant même qu’elles soient discutées publiquement.
Les limites des réformes proposées
Au-delà des préoccupations concernant le processus, l’UAF souligne plusieurs points spécifiques qui, selon elle, rendent les propositions actuelles insatisfaisantes. L’un des principaux reproches concerne le mariage des mineures. Bien que l’âge minimal soit proposé à 17 ans, l’UAF considère cela comme un pas insuffisant qui ne tient pas compte des dangers significatifs que cette pratique représente pour les jeunes filles. Cela évoque la nécessité d’un changement radical dans la perception et la réglementation des mariages précoces.
Un autre point de discorde majeur est la décision de maintenir la polygamie. L’UAF critique le fait que cette pratique, qui nuit à la dignité des femmes et à la stabilité des familles, demeure permise. Les restrictions suggérées à son encontre sont jugées trop légères et inadaptées aux besoins contemporains des femmes marocaines.
Un autre aspect que l’organisation remet en question est le maintien de la notion de taasib, une disposition que l’UAF considère archaïque et qui ne reflète pas la réalité moderne, où les femmes occupent des rôles clés tant sur le plan économique que social. Dans un monde en pleine évolution, il apparaît inacceptable de maintenir des règles qui font écho à un patriarcat désuet.
En outre, la question de l’établissement de la filiation soulève des inquiétudes. Le refus d’admettre l’expertise génétique pour déterminer la filiation est perçu comme une régression. L’UAF argue que cette position va à l’encontre de l’intérêt supérieur de l’enfant et néglige les avancées scientifiques qui pourraient être bénéfiques dans ce domaine.
Appel à une réforme audacieuse
Face à ce tableau d’insatisfaction, l’UAF appelle les principales parties prenantes à ne pas se dérober de leurs responsabilités en matière de réforme. L’organisation s’adresse spécifiquement au Conseil Supérieur des Oulémas, l’encourageant à adopter des réponses innovantes qui soient en accord avec les réalités sociales et les attentes des citoyens. Cet appel fait écho à une volonté d’enracinement des réformes dans des valeurs progressistes, comme cela a été souligné dans les discours royaux récents.
La lutte pour une Moudawana qui respecte les droits et la dignité des femmes se poursuit donc, avec un appel fort à la nécessité d’un changement qui prenne en compte l’évolution des mentalités et des structures familiales au Maroc. Pour les femmes, le combat va au-delà de la simple législation ; il s’agit de faire entendre leur voix et de s’assurer que leurs droits sont protégés dans tous les aspects de la vie familiale et sociale.