Réactions autour des Ouigo : Vers une crise de sécurité ?
Face aux critiques de trois syndicats concernant la branche low-cost de la SNCF, l’entreprise ferroviaire exprime son indignation face à ce qu’elle considère comme une conduite « inadmissible ».
Les préoccupations des syndicats
« Si cela continue ainsi, il existe un véritable danger pour la sécurité des voyageurs », s’alarme Arnaud Marcinkiewicz, secrétaire de la CGT Cheminots. Ce dernier s’interroge sur plusieurs dysfonctionnements récents affectant les 38 rames Ouigo en circulation. En évoquant des essieux en mauvais état, qui, selon eux, pourraient entraîner un déraillement, les syndicats CGT, Unsa-Ferroviaire et Sud-Rail accusent la direction de Ouigo d’être « irresponsable » en laissant circuler ces rames dans de telles conditions. Ils dénoncent une approche low-cost exacerbée, nuisant à la qualité du service. Ils appellent également à une mobilisation devant le siège de Ouigo à la Gare de Lyon, envisageant une grève qui pourrait toucher entre 80 et 90 % du personnel si les négociations échouent. En réponse, la SNCF a vigoureusement contesté les déclarations des syndicats.
Une hausse des incidents
Les accusations des syndicats sont sévères : « Au cours des trois derniers mois, les TGV Ouigo ont connu plus d’incidents et d’annulations que durant les deux années précédentes », affirment-ils dans un communiqué. Ils critiquent un modèle low-cost qui, selon eux, a dépassé les limites, entraînant une « surexploitation matérielle » de trains vieillissants. Bien que cette problématique ne soit pas nouvelle, Arnaud Marcinkiewicz souligne une accélération récente, avec jusqu’à sept rames immobilisées sur les 38 disponibles : « La colère monte. Nous avons choisi de laisser passer les fêtes, mais maintenant, nous tirons la sonnette d’alarme ».
Maintien des standards de sécurité
Jérôme Laffon, directeur général de Ouigo, a réagi en affirmant que « les règles de maintenance et d’entretien des trains Ouigo sont identiques à celles de l’ensemble du parc TGV » et que les propos des syndicats sont « irresponsables ». Selon lui, le taux de pannes des rames Ouigo serait comparable à celui des TGV traditionnels.
Le modèle économique de Ouigo
Il est important de rappeler que le modèle économique des Ouigo repose sur le fait de ne pas proposer de voiture-bar, afin de maximiser le nombre de places, pouvant accueillir jusqu’à 644 passagers par train. Ces rames fonctionnent jusqu’à 15 heures par jour, multipliant les rotations pour garantir des tarifs réduits. Jérôme Laffon précise qu’un billet sur deux est vendu à moins de 30 euros, et moins de 19 euros pour la branche classique. Pour maintenir ce rythme, une rame Ouigo parcourt annuellement 700 000 km, soit 40 % de plus que les TGV Inoui. Leur entretien s’effectue principalement la nuit, dans des technicentres, pour optimiser leur utilisation durant la journée.
Problèmes de maintenance
Les syndicats attirent également l’attention sur le manque de ressources et de personnel dans ces centres, faisant état de « défaillances matérielles », de retards et de plaintes concernant des nuisibles tels que les cafards et les punaises. Ils exigent une nouvelle politique de maintenance et une prime exceptionnelle pour les agents, face à des conditions de travail de plus en plus difficiles. Néanmoins, Jérôme Laffon a mentionné qu’aucun signalement de punaises de lit n’avait été enregistré récemment sur les rames Ouigo et que les mesures de lutte contre les nuisibles avaient été renforcées.
Un développement imminent
En dépit de ces problèmes, Ouigo a décidé de renforcer ses mesures de nettoyage, notamment en augmentant le nombre de personnes affectées à cette tâche. Avec un taux de remplissage moyen de 91 %, Ouigo a transporté 25 millions de passagers en 2024. Pour répondre à l’augmentation de la demande, la société prévoit d’accroître son offre d’ici 2027, avec l’ajout de 50 rames, contre 38 actuellement, ainsi qu’un renouvellement des matériels en circulation.
La CGT-Cheminots critique la décision de la SNCF d’envoyer 14 rames en Espagne pour renforcer la concurrence avec Renfe, soulignant qu’elles pourraient contribuer à améliorer les services en France. De plus, une ONG a récemment classé Ouigo 25e sur 27 dans un jugement des compagnies ferroviaires européennes, en raison d’une qualité de service jugée insatisfaisante, malgré des tarifs très compétitifs.