Mobilisation pour l’amélioration ferroviaire
Des centaines de voyageurs et représentants locaux s’organisent pour converger vers la capitale, mardi, à bord de deux trains surnommés les "trains de la colère". Leur but : alerter sur l’état déplorable des lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et Paris-Clermont-Ferrand, et exiger des investissements plus conséquents. Jean-Noël Boisseleau, vice-président de l’association Urgence Ligne POLT, résume la situation : « Depuis l’avènement du TGV en 1981, le réseau classique n’a pas été suffisamment entretenu. Sur la ligne POLT, il est impératif de reconstruire tout : rails, traverses, ballast, caténaires, et de remettre en état les locomotives. »
Cette mobilisation fait écho à une souffrance partagée par les usagers de ces lignes, qui subissent régulièrement des retards, des suppressions de trains et des pannes conséquentes. Serge Rigal, président du département du Lot, déclare : « Nous avons le sentiment d’être considérés comme des citoyens de seconde zone, avec des temps de trajet de plus en plus longs et de moins en moins fiables. » Il n’est pas le seul à s’en faire l’écho ; le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a également admis que le niveau de service sur la ligne Paris-Clermont ne répondait pas aux attentes des usagers.
Bilan inquiétant des retards
En 2024, environ 20 % des trains sur la ligne POLT affichent des retards importants, selon des données compilées par le cabinet ministériel et des associations de passagers. En janvier dernier, une panne au niveau d’une locomotive a provoqué un retards de près de douze heures pour des voyageurs retournant à Paris.
En dépit de l’annonce d’un programme de modernisation des lignes POLT et Paris-Clermont, prévu depuis 2018, les usagers continuent de déplorer la vétusté des infrastructures. La SNCF, qui projette un investissement massif de près de trois milliards d’euros d’ici 2027, reste toutefois critiquée pour la nature « incomplète » de ses efforts par les spécialistes. Boisseleau estime que 2,5 à 3 milliards d’euros supplémentaires sont nécessaires pour véritablement remettre ces lignes à niveau. L’association espère voir entre 500 et 800 manifestants se rassembler à Paris, une fois que les lignes POLT et Paris-Clermont se seront unies à la gare d’Austerlitz, augmentant ainsi leur poids dans la négociation.
« Une bureaucratisation excessive a écarté l’essentiel de notre métier. Nous manquons cruellement de conducteurs, de contrôleurs, de personnel dans les gares et aux guichets. »
— Jean-Noël Boisseleau, vice-président d’Urgence Ligne POLT
Jean-Noël Boisseleau pointe également du doigt la réforme de 2018 ayant amené à la scission de la SNCF en plusieurs entreprises, une décision qu’il juge néfaste. Cette restructuration aurait créé davantage de complexité administrative, nuisant à l’exploitation quotidienne des lignes.
Interruption des services
Les lignes POLT (plus de 700 km de voie ferrée) et Clermont-Paris (420 km) transportent respectivement 2,6 et 1,9 millions de passagers par an dans des trains Intercités. La SNCF espère en modernisant ces lignes rendre les trajets « plus rapides, fiables et accessibles ». Cependant, les méthodes choisies pour exécuter ces travaux ont suscité certaines inquiétudes.
Ainsi, une opération de grande envergure visant à rénover 70 km de la ligne POLT dans le Loiret entraînera une interruption des services ferroviaires de huit heures par jour, du lundi au vendredi, et ce pendant plusieurs mois, entre 2025 et 2026. Jean-Noël Boisseleau remet en question cette approche : « Il aurait été possible de maintenir un service minimum sur une voie tout en exécutant des travaux sur l’autre. Mais pour la SNCF, il est plus rentable de bloquer complètement le trafic sur ces périodes. »
Les usagers de ces lignes attendent donc avec impatience des solutions durables qui leur permettent de bénéficier d’un service ferroviaire de qualité, en harmonie avec les attentes de trajets modernes et efficaces.
