Les controverses autour des financements de l’AFP
La question des financements reçus par l’Agence France Presse (AFP) de la part d’agences gouvernementales américaines a récemment suscité un vif débat en ligne. Des figures politiques, dont l’ancien candidat à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan, ont mis en cause l’intégrité de l’agence, affirmant qu’elle était devenue une "machine de propagande" sous influence étrangère.
Les accusations et les chiffres avancés
Dupont-Aignan a déclaré sur les réseaux sociaux que l’AFP aurait perçu 447 000 dollars de l’USAID, la célèbre agence américaine pour le développement international. Il estime que les financements de l’agence dépassent le cadre d’un simple partenariat commercial et impliquent une forme de manipulation de l’information. D’autres personnalités politiques, comme Florian Philippot, ont également remis en question la ligne éditoriale de l’AFP en lien avec ces financements.
Des captures d’écran circulant sur la plateforme Twitter évoquent même un montant total atteint de près de 10 millions de dollars reçus par l’AFP pour des contrats avec divers organismes fédéraux américains depuis 2008. Ces informations proviennent pour la plupart d’un site gouvernemental dédié à la transparence des dépenses publiques.
Une interprétation hâtive des données
Cependant, une analyse plus approfondie des données révèle que les affirmations concernant les financements de l’AFP sont incomplètes. En consultant la base de données USASpending.gov, on découvre que la somme de 447 008 dollars ne provient pas entièrement de l’USAID, mais est composée de plusieurs éléments distincts. En fait, 373 350 dollars ont été versés par l’US Agency for Global Media, une entité supervisant divers médias internationaux, et 50 928 dollars par le département de la Défense.
De plus, seulement 22 730 dollars proviennent de l’USAID, correspondant à un abonnement pour l’accès à une base de données d’images professionnelles. Ces fonds sont ainsi répartis sur l’année et ne constituent pas un financement direct en faveur de l’AFP, mais plutôt un paiement pour des services offerts par l’agence.
Un contrat basé sur des services
En réponse aux accusations, la direction de l’AFP a clarifié sa position. L’agence a affirmé que plusieurs entités gouvernementales américaines sont clientes et ont accès à ses services médiatiques. Ce sont des relations commerciales normales où des institutions paient pour accéder à des contenus journalistes sous abonnement, tout comme d’autres clients de l’AFP à travers le monde.
L’USAID est cliente de l’AFP depuis 2009, un lien contractuel qui s’inscrit dans la logique habituelle de fourniture d’informations, en particulier pour des services liés à la photographie d’actualité. Les paiements en question sont tous effectués pour un usage institutionnel et ne portent pas sur des activités de propagande ou de manipulation de l’information.
Comparaison avec d’autres recettes
Il est crucial de mettre ces financements en perspective. Les montants perçus de l’USAID et des autres agences américaines demeurent relativement modestes par rapport aux chiffres d’affaires globaux de l’AFP, qui se chiffrent à plusieurs centaines de millions d’euros. En 2022 et 2023, les recettes commerciales de l’AFP ont dépassé les 200 millions d’euros, prouvant que l’agence opère principalement grâce à un large éventail de clients, au-delà des seules agences gouvernementales.
Réflexion sur la portée des accusations
Les allégations infondées et les interprétations erronées de ces données mettent en lumière une question plus large concernant la confiance dans les médias. Alors que certains voient l’AFP comme un vecteur de propagande, d’autres mettent en avant son rôle clé dans la diffusion d’informations vérifiées au service de divers clients internationaux, y compris des gouvernements.
La nécessité d’un dialogue constructif sur la transparence des médias et leur intégrité est plus que jamais d’actualité. Les acteurs politiques doivent s’assurer que leurs accusations soient fondées sur des faits vérifiables et non sur des interprétations tendancieuses. Dans un monde où la désinformation est rampant, cela devient indispensable pour maintenir la confiance du public envers les organismes d’information, tels que l’AFP.