Conflit autour de la ligne à grande vitesse du Sud-Ouest
Les discussions autour de la ligne à grande vitesse (LGV) du Sud-Ouest se sont intensifiées vendredi dernier, lorsque des groupes de protection de l’environnement ont sollicité la suspension en référé d’un chantier en raison de préoccupations liées à l’impact environnemental. Ces organisations affirment que le projet entraîne des « atteintes irréversibles » à la nature locale, notamment un morcellement de l’habitat du vison d’Europe, une espèce protégée.
Les préoccupations des associations environnementales
Lors d’une audience devant le tribunal administratif de Bordeaux, plusieurs associations ont contesté l’autorisation préfectorale accordée pour les aménagements ferroviaires nécessaires à la mise en place de la LGV reliant Bordeaux à Toulouse et Bordeaux à Dax. Les avocats représentant ces groupes ont insisté sur les dangers imminents que comporte ce projet pour l’écosystème environnant.
L’avocate de SNCF Réseau, Me Pascale Pessoa, a répliqué que le projet consiste principalement en l’élargissement d’une infrastructure existante, insistant sur la complexité de l’argumentation concernant la fragmentation de l’habitat. Elle a affirmé que les impacts environnementaux avaient été considérés et que tout était fait pour les maîtriser. La préfecture a également défendu le projet en indiquant son intérêt public, notamment en termes de décarbonisation des transports et d’aménagement du territoire.
Questions financières et délais de réalisation
SNCF Réseau a récemment communiqué que le report des travaux prévus, qui pourrait aller de 12 à 18 mois, engendrerait un coût supplémentaire important, compris entre 120 et 160 millions d’euros. De plus, cela pourrait retarder la réalisation du projet de deux à trois ans. Me Caroline Facelina-Tabard, l’une des avocates des opposants, a mis en garde contre les conséquences d’un tel délai. Elle a évoqué les leçons à tirer d’une situation similaire sur un autre chantier autoroutier à Toulouse-Castres, qui avait été suspendu par la justice peu avant son achèvement.
Un projet ambitieux : la LGV Sud-Ouest
Estimé à 14 milliards d’euros en 2020, ce projet de LGV vise à réduire le temps de trajet entre Toulouse et Paris à 3h10 d’ici 2032, permettant ainsi un gain d’une heure comparé aux trajets existants. Une branche de la ligne devrait également relier Dax à Bordeaux, réduisant encore le temps de trajet, avec des perspectives de liaisons directes vers l’Espagne à l’avenir.
Les promoteurs de cette initiative, comprenant notamment les présidents socialistes des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, Alain Rousset et Carole Delga respectivement, soutiennent que cet investissement serait essentiel pour désengorger les routes, en retirant quotidiennement 10 000 camions qui transitent d’Espagne vers le reste de la France. Selon eux, ce projet pourrait également libérer les lignes ferroviaires existantes afin d’accroître le fret.
Les réticences d’une partie de la population
Cependant, les détracteurs du projet, qui incluent des élus locaux, des résidents ainsi que des professionnels du secteur forestier et viticole, mettent en avant les effets néfastes qu’une telle infrastructure pourrait avoir sur l’environnement. Ils qualifient ce projet de « mortifère » et plaident pour la restauration et la modernisation des lignes ferroviaires déjà en service plutôt que pour la construction de nouvelles.
La décision du tribunal, qui examinera la demande de suspension, sera rendue la semaine prochaine, laissant dans l’incertitude l’avenir immédiat du projet de LGV et les préoccupations soulevées par les opposants.