Prévisions de Croissance Économique au Maroc
Le cabinet de recherche BMI, une branche de Fitch Solutions, a ajusté à la hausse ses prévisions de croissance du Maroc pour 2025, estimant désormais une augmentation de 4,5%, contre 4,3% auparavant. Cette révision est fondée sur des données récentes fournies par le Haut-Commissariat au Plan, révélant une progression du produit intérieur brut (PIB) réel de 4,8% au premier trimestre 2025, par rapport à une hausse de 4,2% enregistrée durant le dernier trimestre de 2024.
Redressement de l’Activité Agricole
Ce regain de vitalité est en grande partie attribué à une reprise de l’activité agricole, qui a observé une croissance de 4,5% au premier trimestre 2025, après une série de quatre trimestres de baisse. Parallèlement, l’économie non agricole a maintenu une performance solide, affichant une progression de 4,8%, un léger recul par rapport au 5% noté précédemment.
L’investissement productif, mesuré par la formation brute de capital, a également enregistré une forte hausse, atteignant 17,5%, ce qui marque sa meilleure performance depuis le rebond économique observé après la pandémie au deuxième trimestre 2021. De plus, la consommation des ménages s’est accrue, passant de 3,7% à 4,4%, soutenue par une inflation modérée et une amélioration des revenus dans les zones ruraux grâce à la reprise agricole.
Perspectives de Croissance pour les Années à Venir
BMI prévoit une croissance dynamique pour le Maroc jusqu’en 2026. Au deuxième trimestre 2025, la tendance économique devrait rester positive, notamment en raison d’un niveau d’investissement soutenu et d’une inflation contenue. Néanmoins, les tensions commerciales américaines ainsi qu’un ralentissement de la demande en Europe pourraient impacter les exportations.
La consommation des ménages devrait continuer à croître durant la seconde moitié de 2025 et en 2026, alimentée par la reprise de l’activité agricole, une inflation faible, et une politique monétaire accommodante. Cette reprise dans le secteur agricole pourrait également ralentir le phénomène de migration des populations rurales vers les grandes villes, ce qui allégerait la pression sur le marché de l’emploi urbain et favoriserait une augmentation des salaires.
Par ailleurs, l’inflation moyenne prévue pour 2025 a été revue à la baisse, passant de 1,1% à 0,7%, avec une légère remontée anticipée à 1,1% en 2026, en raison de l’affaiblissement du dollar américain et de prix modérés du pétrole.
Impact des Politiques Monétaires
L’assouplissement monétaire initié par Bank Al-Maghrib — qui a déjà abaissé les taux d’intérêt de 75 points de base — devrait se poursuivre pour soutenir la hausse des crédits, notamment pour les particuliers. Le taux de croissance des crédits aux ménages devrait ainsi passer de 4,9% à 6,1% d’ici la fin de 2025. Cela devrait générer une croissance de la consommation privée de 4,5% en 2025 et de 4% en 2026, un niveau bien au-dessus de la moyenne de 2,2% observée entre 2015 et 2024.
Investissement Fixe et Grands Projets
L’investissement fixe, crucial pour la croissance, est prévu de croître de 7,9% en 2025 et de 5,9% en 2026, des chiffres bien au-delà de la moyenne des dix dernières années, qui s’établit à 3%. Cette croissance est stimulée par deux éléments clés : d’une part, une utilisation accrue des capacités de production des entreprises et, d’autre part, les investissements associés à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de 2025-2026 et de la Coupe du Monde 2030, notamment dans les infrastructures.
Amélioration du Commerce Extérieur
Le solde du commerce extérieur, qui avait affiché un déficit en 2024, devrait connaître une amélioration significative. BMI prévoit une légère contribution positive des exportations nettes, avec +0,1 point en 2025 et +0,2 point en 2026. Cette tendance favorable pourrait résulter d’une diminution des importations agricoles due à une meilleure production locale, ainsi qu’à une augmentation de la demande d’exportations en provenance d’Europe et à une dynamique soutenue dans le secteur du tourisme.
Le Maroc a également une opportunité unique de renforcer sa base industrielle au sein des chaînes de valeur européennes, puissamment positionné pour bénéficier des investissements délocalisés dans des secteurs clés comme l’aéronautique.
