mercredi, avril 16, 2025

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Quelle est la conjoncture actuelle au Maroc ?


Les défis climatiques au Maroc : impacts sur les migrations internes

Le Maroc, un pays où les conditions arides et les sécheresses répétées deviennent une norme, doit faire face aux exigences croissantes du changement climatique. Une étude récente du Centre Démocratique Arabe met en lumière l’impact de ce phénomène sur les migrations internes et sur la qualité de vie des populations fragiles.

La réalité des sécheresses

Au cours des dernières décennies, le Maroc a subi une multiplication alarmante des sécheresses, avec un total de plus de 57 épisodes majeurs affectant le pays. Les recherches menées par Dalila Aazizi et Mouhsine Idali soulignent que chaque région, sans exception, ressent les effets de l’augmentation des températures. Les zones côtières atlantiques, ainsi que le sud et l’est du pays, enregistrent des hausses de température particulièrement marquées, soulevant des inquiétudes face à l’évolution rapide du climat.

Depuis le milieu des années 90, ce réchauffement s’est intensifié, en phase avec une tendance mondiale aux fluctuations thermiques extrêmes. Les trente-cinq dernières années ont également été caractérisées par des variations importantes des précipitations, perturbant le calendrier traditionnel des saisons. Certaines régions centrales bénéficient d’une modeste hausse des précipitations, tandis que le sud du Maroc souffre d’une diminution préoccupante des pluies, affectant directement l’agriculture.

Conséquences pour l’agriculture et la population

Les conséquences latentes de ces changements climatiques impactent sévèrement le secteur agricole, qui est vital pour les populations rurales. Les perturbations des régimes pluviométriques ont de fortes répercussions sur la production agricole, essentielle pour la survie des communautés locales.

Les chercheurs ont également observé que ces transformations affectent directement la distribution démographique et alimentent les migrations. Dans des zones telles que le Moyen Atlas, des événements climatiques extrêmes provoquent des déplacements massifs, les habitants cherchant des conditions de vie plus favorables.

Les migrations : une réponse aux sécheresses

L’impact d’une agriculture en déclin sur les migrations est particulièrement notable dans la région de Drâa-Tafilalet. Des années de pénurie ont contraint les familles à abandonner leurs terres ancestrales pour des centres urbains à la recherche d’emplois. À Ktawa, commune rurale dans la province de Zagora, trois types de migrations émergent : trimestrielle, temporaire et permanente.

La migration trimestrielle, autrefois courante, consiste en des départs temporaires pour participer aux récoltes. Cependant, cette pratique décroît depuis les années 70, comme l’indiquent les chercheurs. La migration temporaire se manifeste souvent par des jeunes cherchant du travail dans le secteur de la construction ou des usines, car l’agriculture ne parvient plus à soutenir les familles. De 2014 à 2021, Ktawa a vu sa population tomber de 11 157 à 8 921 habitants, contrastant avec la légère augmentation observée dans certaines communes voisines.

La migration permanente, quant à elle, fait référence aux déménagements définitifs vers les villes à la recherche d’opportunités d’emploi stables. Ce phénomène est en forte augmentation en raison des sécheresses incessantes, transformant la dynamique démographique de ces régions vulnérables.

Témoignages et défis

Dans la région de Béni Mellal-Khénifra, la sécheresse représente le principal facteur de migration, qu’elle soit interne ou externe. Des témoignages recueillis mettent en lumière le dilemme des populations. Certains choisissent de quitter leurs terres pour une vie meilleure, tandis que d’autres, plus résilients, préfèrent rester malgré des conditions de vie difficilement soutenables.

Résilience et adaptation des communautés

Néanmoins, le tableau n’est pas uniquement sombre. Des exemples d’adaptation et de résilience témoignent de vrais efforts de certaines communautés pour s’adapter à ces nouvelles réalités climatiques. En adoptant des pratiques agricoles durables et diversifiées, elles parviennent à faire face aux défis engendrés par la chaleur extrême et les pénuries d’eau, tout en maintenant leur ancrage territorial.

Le Maroc, confronté à des défis climatiques croissants, illustre bien les dynamiques complexes entre changement environnemental et mouvement humain. C’est à travers une compréhension approfondie de ces enjeux que le pays pourra envisager des réponses efficaces et durables pour protéger ses populations les plus vulnérables.

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