Entre Alger et Paris, les tensions diplomatiques s’intensifient. Ce mardi, la diplomatie algérienne a qualifié les récentes déclarations du président français Emmanuel Macron d’« inacceptables ». Ce dernier a affirmé que l’Algérie « se déshonore » en maintenant en détention l’écrivain Boualem Sansal. Ces propos ont provoqué une vive réaction au sein de la société algérienne.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé ces propos comme étant « désinvoltes et légers ». Il a précisé que la déclaration de Macron équivalait à une ingérence inacceptable dans les affaires internes de l’Algérie. Selon le ministère, la situation de Boualem Sansal ne relève pas de la liberté d’expression, mais concerne plutôt l’intégrité territoriale du pays, un délit sévèrement puni par la législation algérienne.
Lors d’une rencontre avec des ambassadeurs français, Emmanuel Macron a demandé la libération de l’écrivain, soulignant que « l’Algérie, que nous aimons tant », se trouvait à un tournant qui pourrait lui être dommageable en empêchant un homme gravement malade de recevoir des soins. Il a décrit Boualem Sansal comme un « combattant de la liberté », plaidant pour sa libération, qu’il considère comme étant arbitraire.
Les réactions des partis politiques algériens ont été nombreuses. Le Front des forces socialistes a qualifié les interventions de Macron d’« écœurantes », dénonçant un mépris vis-à-vis du passé colonial de la France et son attitude condescendante envers les nations souveraines. Ils reprochent à la France de ne pas reconnaître les crimes coloniaux et de se laisser influencer par des courants anti-algériens.
Le Front de libération nationale a aussi condamné fermement les propos du président français, les qualifiant d’immoraux et rejetant toute forme d’ingérence dans les affaires algériennes. Le Mouvement de la société pour la paix a ajouté que de telles déclarations montrent une arrogance qui fait écho à une mentalité coloniale, incompatible avec le respect de la souveraineté des autres nations.
Des voix individuelles se sont également élevées contre les déclarations de Macron. Des figures comme Khaled Drareni, un journaliste, ont exprimé leur indignation, en indiquant qu’il n’était pas acceptable de lier l’Algérie à l’idée de déshonneur. D’autres ont estimé que l’Algérie a retrouvé sa dignité avec son indépendance, qui a débuté le 1er novembre 1954.
Boualem Sansal, 75 ans, est en détention depuis la mi-novembre pour des accusations touchant à la sûreté de l’État, après avoir été arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Alger. Il se trouve actuellement dans une unité de soins pour des problèmes de santé. Selon certaines sources, ses critiques à l’égard du pouvoir algérien et des déclarations sur des questions territoriales ont été mal reçues par les autorités algériennes.
Enfin, Boualem Sansal fait face à des accusations sérieuses basées sur un article de la législation algérienne qui vise à protéger l’État et son intégrité, considérant qu’« tout acte visant la sûreté de l’État » peut être catégorisé comme terroriste ou subversif.