Une étude révélatrice sur la réactivité des ministères au Maroc
Une enquête récente réalisée par l’association « Tafra », soutenue par l’Union européenne, met en évidence un phénomène alarmant concernant la manière dont les ministères répondent aux questions formulées par les députés. Les résultats de cette étude soulignent que le ministère du Tourisme, de l’Artisanat, de l’Économie sociale et solidaire se classe parmi les plus défaillants en matière de réactivité. Ce ministère n’a répondu qu’à 5% des 127 questions qui lui ont été adressées, ne fournissant des réponses qu’à 51 interrogations.
Un constat inquiétant
Le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville ne s’en tire pas mieux, n’ayant répondu qu’à 6% des questions posées, soit seulement 3 réponses sur 62 interrogations. Il est à noter que ces réponses n’ont pas été fournies dans les délais impartis, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’efficacité des processus internes.
Le rapport indique aussi que le chef de gouvernement et le secrétariat général n’ont pas répondu à une seule des questions posées par les parlementaires durant la sixième session de la législature. En tout, cinq questions ont été soumises au chef du gouvernement et trois au secrétariat général, sans aucune réponse à la clé.
Des réactions disparates parmi les ministères
Intitulé « Que font les députés ? L’activité parlementaire au Maroc à travers les questions des députés », le rapport met également en lumière d’autres ministères affichant un faible taux de réponse. Par exemple, le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration a réussi à répondre à seulement 6 questions sur 77, et une seule de ces réponses était dans les délais requis.
En revanche, certains ministères montrent un meilleur niveau de réactivité. Le ministère des Habous et des Affaires islamiques se distingue en répondant à 65% des questions qui lui ont été posées. Le ministère de la Justice suit juste derrière avec un taux de réponse de 60%. Le ministère de l’Éducation nationale, qui est le plus souvent sollicité, a fourni des réponses à 57% des questions adressées. Le ministère de l’Intérieur, pour sa part, a réagi à 50% des interrogations.
Dépassement des délais de réponse
L’étude met également en exergue un problème persistant : de nombreux ministères ne respectent pas le délai légal de 20 jours pour répondre aux questions des députés, tel qu’établi par le règlement intérieur de la Chambre des représentants. Par exemple, le ministère de l’Éducation nationale a mis en moyenne 44 jours pour répondre à 57% des questions qui lui ont été posées. De son côté, le ministère des Habous et des Affaires islamiques a mis en moyenne 91 jours pour répondre à 65% des 71 questions qu’il a reçues.
Des implications à prendre en compte
Les résultats de cette étude soulignent une gestion inégale de l’activité parlementaire, pouvant même être qualifiée d’inefficace par moments. Cette situation met en lumière la nécessité urgente pour le gouvernement d’accroître sa réactivité face aux interrogations des représentants du peuple et de respecter les engagements pris en matière de communication et de transparence.
Chaque citoyen est en droit d’attendre de ses représentants une prise en compte sérieuse des questions qui lui sont adressées. L’inefficacité de certaines institutions pourrait nuire à la confiance du public dans les processus démocratiques et à l’engagement civique des citoyens.
Les attentes vis-à-vis des ministères sont grandes, et il est essentiel qu’ils prennent des mesures concrètes pour améliorer leur communication avec les élus. L’efficacité du fonctionnement démocratique repose sur cette capacité à répondre promptement et de manière transparente aux questions soulevées. Des avancées dans ce domaine seraient bénéfiques non seulement pour le bon fonctionnement de l’administration, mais également pour l’ensemble du système politique marocain.