Le renouveau de l’investissement au Maroc
Le paysage de l’investissement au Maroc s’apprête à connaître un bouleversement significatif avec la création d’un nouveau pôle financier public par l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État. Pour ce projet ambitieux, un budget de 30,3 millions de dirhams a été alloué dans le cadre d’une étude stratégique de faisabilité. L’objectif principal de cette initiative est de rationaliser l’utilisation des ressources publiques, d’optimiser les performances des acteurs économiques, et d’accroître les retombées de l’investissement public sur la croissance nationale.
Réformer pour une efficacité accrue
Cette transformation s’inscrit dans une volonté de l’État de réinventer sa stratégie en matière d’allocation des ressources publiques, en réponse aux défis économiques et sociaux du pays. Le Maroc, souvent salué pour sa stabilité économique et ses réformes structurelles, ambitionne de renforcer l’efficacité de son action publique. Amine El Azher, expert en finance et fondateur d’Arden Capital, souligne que l’État doit se doter d’une nouvelle approche pour garantir une meilleure utilisation du dirham public. Ce revirement de stratégie s’inscrit dans le cadre d’un nouveau modèle de développement cherchant à maximiser les retombées des investissements publics.
La question d’une banque publique d’investissement
Une interrogation centrale émerge de cette réforme : la création d’une banque publique d’investissement. Selon Amine El Azher, ce type d’institution pourrait structurer efficacement l’écosystème financier public. Il précise que l’État, en tant qu’actionnaire, doit organiser son portefeuille de participations pour éviter les dérives et améliorer la gouvernance. Cette banque aurait aussi pour mission de soutenir la régionalisation, offrant un meilleur accès au financement dans toutes les régions du pays.
Complémentarité plutôt que concurrence
Un point de débat important est la relation entre cette banque publique et les établissements privés. Amine El Azher insiste sur l’importance d’une complémentarité plutôt que d’une compétition. L’objectif n’est pas de remplacer les financements privés par des injoignables fonds publics, mais de créer un levier qui incite le secteur privé à s’investir davantage. Ainsi, le dirham public pourrait jouer un rôle de catalyseur pour dynamiser les investissements privés et encourager l’initiative entrepreneuriale.
Les défis du financement des grands projets
L’un des grands enjeux de cette réforme concerne également l’équilibre entre le financement public et privé. Les aspirations à modifier ce ratio d’investissement, actuellement très en faveur de l’État, sont importantes. Amine El Azher admet que cet objectif est ambitieux, surtout avec des besoins d’investissement élevés pour des projets d’envergure, comme l’accueil de la Coupe du Monde 2030, ainsi que pour le développement d’un État social. Actuellement, les investissements publics oscillent entre 300 et 330 milliards de dirhams par an, tandis que ceux du secteur privé s’évaluent entre 100 et 120 milliards. L’ambition du Maroc est de tendre vers une proportion de deux tiers pour le secteur privé et un tiers pour le public.
Une réflexion sur le financement des PME
La question du financement des petites et moyennes entreprises (PME) revêt également une importance cruciale dans ce contexte. Ces dernières continuent de souffrir d’un sous-financement persistant, ce qui freine leur croissance. Des annonces importantes sont attendues pour améliorer la situation, bien que les détails soient encore peu clairs. Les PME font face à plusieurs obstacles, notamment un accès limité aux crédits bancaires, avec un taux de prêts non performants supérieur à la moyenne internationale.
Des solutions alternatives à explorer
Face à ces défis, un nombre croissant d’entrepreneurs se tournent vers des solutions de financement alternatives, telles que l’ouverture de leur capital. Pour eux, il devient impératif d’explorer des moyens de financement variés pour assurer leur développement. Cette transformation dans le paradigme du financement reflète une transition stratégique de grande envergure. Avec des mécanismes de financement à adapter et un portefeuille d’entreprises publiques à restructurer, le Maroc se prépare à un nouveau cycle d’investissement, qui promet d’être structuré et efficace. La capacité de l’État à mobiliser le secteur privé tout en garantissant la soutenabilité des financements publics sera essentielle pour le succès de cette ambition. Cette refonte constitue donc une étape majeure qui aura des répercussions à long terme sur l’économie nationale.