Une nouvelle ère pour les retraits en magasin
En 2026, le paysage du retrait d’espèces dans les commerces va connaître une transformation significative. Ce service, qui a longtemps nécessisé une affiliation bancaire commune entre le commerçant et le client, sera désormais accessible à tous les porteurs de cartes, peu importe leur institution financière. Cette évolution vise à répondre à une demande croissante et à pallier la diminution continue des distributeurs automatiques de billets (DAB) en France.
Un dispositif ancien en pleine évolution
Depuis plus de deux décennies, la France dispose de plus de 27 000 points de retrait d’espèces dans des commerces locaux. Ces « retraits privatifs » sont des services proposés par des commerçants mandatés par des banques. Bien que pratiques, ces points de retrait restaient limités aux clients partageant la même banque que le commerçant. Avec la baisse du nombre de DAB — qui a chuté de plus de 16 % depuis 2018 — la nécessité d’accéder facilement aux espèces se fait de plus en plus pressante. En facilitant le retrait d’espèces, ce dispositif élargira considérablement l’accessibilité pour la population, en particulier dans les zones rurales où les DAB se font de plus en plus rares.
D’après les statistiques récentes, la proportion de personnes vivant à moins de quinze minutes d’un DAB était de 98,8 % en 2023, tandis que le taux atteignait presque 100 % quand on tenait compte des retraits privatifs chez les commerçants. Cette initiative a en effet été bénéfique, avec une augmentation de 3,9 % des points d’accès en 2022 et de 1,7 % en 2023. Les retraits en magasin sont donc un élément clé pour garantir l’accès aux espèces dans tout le pays.
Un test prévu pour 2026
Pour mettre en place cette nouvelle approche, une première expérimentation aura lieu au premier semestre 2026. Cette phase pilote impliquera les réseaux de La Banque Postale et du Crédit Agricole, afin d’observer comment les clients accueillent ce changement. Cela permettra de déterminer davantage la viabilité et l’efficacité du service avant sa généralisation. Les banques auront la liberté de nouer des accords avec des commerçants, selon les modalités commerciales qu’elles choisissent, tout en assurant que ces derniers intéressés soient volontaires.
Les commerçants au cœur du dispositif
Un point crucial dans cette initiative est la rémunération des commerçants. L’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE) exprime des préoccupations concernant le modèle économique qui devrait soutenir ces points d’accès. L’association soutient qu’il est essentiel de garantir une juste rémunération pour les commerçants participant, similaire à celle perçue par les banques lors des retraits dans des DAB.
L’AFTE plaide également pour la mise en place d’une solution technique qui doit être simple, intégrant tous les clients sans compliquer la tâche des commerçants. De plus, elle insiste sur la nécessité d’évaluer les risques de sécurité, surtout dans des zones où la gestion des liquidités peut poser des problèmes.
Options et garanties
Il est important de noter que, malgré ces changements, le service de retrait en magasins restera optionnel. La Banque de France ne peut garantir son accès universel, mais affirme que le nombre d’utilisateurs potentiels devrait augmenter de manière significative. Selon le GIE Cartes Bancaires, ce dispositif est un moyen avantageux tant pour les banques que pour les commerçants, en offrant un service supplémentaire tout en augmentant l’afflux de clients dans les magasins.
Enfin, il est prévu que les retraits en magasin soient soumis à des limites de montant, avec des plafonds qui varient de 20 à 100 euros par opération, ce qui les rendra moins comparables aux retraits traditionnels effectués aux DAB.
Ainsi, cette initiative projette un avenir où le retrait d’espèces devient plus accessible, tout en s’adaptant aux évolutions du paysage bancaire et aux besoins croissants des consommateurs.