Révisions de la loi sur la grève : les décisions du ministre Sekkouri
Lors d’une récente intervention, Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, des Petites entreprises, de l’Emploi et des Compétences, a annoncé des modifications concernant la loi sur la grève, prenant en compte certaines attentes des syndicats tout en restant ferme sur d’autres points. Les syndicats, représentant divers travailleurs, ont exprimé des préoccupations majeures, notamment en ce qui concerne la notion de « salaire contre travail » qui, selon eux, pourrait nuire à la situation financière des grévistes.
Acceptation des amendements sur les délais d’appel à la grève
Le ministre a approuvé la réduction des délais d’appel à la grève dans le secteur privé, passant de dix à sept jours. Cette mesure vise à rendre le processus de grève plus accessible pour les travailleurs, car il leur permet de réagir plus promptement face à des situations de conflit au sein de leur entreprise. Malgré cette avancée, certains amendements proposés ont rencontré un refus, en particulier celui portant sur la révision de la mention « salaire contre travail », qui pourrait inciter à pénaliser les employés en grève.
Clarifications sur le niveau minimal de service
Sekkouri a également abordé le concept de « minimum de service » dans des secteurs où la continuité d’activité est cruciale. Il a précisé que cette exigence ne s’appliquerait désormais qu’à des situations directement liées à la sécurité et à la santé des citoyens. Cela vise à mieux protéger les droits des travailleurs tout en assurant une prestation de services essentielle pendant les grèves.
Proposition d’un nouvel article sur l’observation des syndicats
Au cours d’une session de la Commission de l’Éducation, des Affaires culturelles et sociales, le ministre a suggéré l’ajout d’un article concernant l’« observation pertinente » des syndicats. Cela répond à un manque d’implication du ministère de l’Emploi dans le dispositif législatif en cours. L’objectif est de permettre un suivi et une intervention prompte des autorités pour aider à résoudre les conflits de travail, tout en évaluant les risques potentiels pour la sécurité des réclamations des syndicats.
Révision des dispositions relatives à la sous-traitance durant les grèves
Concernant la question de la sous-traitance, le texte a été modifié pour interdire le remplacement des travailleurs grévistes par des personnes n’ayant pas de lien avec l’entreprise pendant la grève. Cette décision fait suite à une demande de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et vise à protéger les droits des travailleurs en grève, assurant qu’ils ne soient pas remplacés de manière illégitime.
Les enjeux du salaire en période de grève
Malgré les avancées, certaines revendications concernant le traitement des salaires des grévistes ont été écartées par le ministre. Les syndicats soutiennent que les travailleurs qui choisissent de faire grève le font par nécessité, souvent en réaction à des violations de leurs droits. Ils estiment donc qu’il est injuste de leur priver de salaire durant cette période. Le projet de loi stipule en effet que les grévistes sont en situation de suspension temporaire de leur contrat de travail, sans rémunération, tout en interdisant l’employeur de suspendre directement leurs contrats.
Rejet des dispositions liées à la notion de « salaire contre travail »
Les organisations syndicales, notamment l’Union marocaine du travail (UMT) et la Confédération générale des travailleurs du Maroc (CGEM), ont fermement rejeté l’idée de lier le salaire au travail pour les grévistes. Pour eux, cette notion constitue un pilier de leurs revendications, car elle vise à garantir un minimum de sécurité financière durant les mobilisations. Ils arguent que les salaires doivent rester un droit inaliénable et que l’absence de rémunération durant les grèves ne ferait qu’aggraver les difficultés rencontrées par les travailleurs.
La révision des lois sur la grève suscite des tensions, mais elle reflète également un besoin pressant d’équilibrer les droits des travailleurs et les nécessités économiques du pays. Les discussions continuent, et il est probable que d’autres ajustements soient nécessaires pour parvenir à un consensus satisfaisant pour toutes les parties prenantes.