Perception de la sécurité des femmes dans l’espace public au Maroc
La sécurité des femmes dans les espaces publics marocains suscite de vives préoccupations, malgré quelques avancées notables. Une étude récente a exploré cette question en interrogeant 1.528 individus issus des douze régions administratives du pays. Ce sondage, réalisé par l’équipe de l’Institut Menassat, a été conçu pour refléter un équilibre représentatif en termes de sexe, d’âge et de lieu de résidence — que ce soit en milieu urbain, rural ou semi-urbain.
Résultats de l’enquête
Intitulée « Les femmes, l’espace public et les libertés individuelles », l’étude révèle que seulement 5 % des participants estiment que les lieux publics sont « très sûrs » pour les femmes. Une proportion de 42 % les juge « plutôt sûrs », tandis que 25 % les considèrent comme « sûrs ». Toutefois, plus de 20 % des personnes interrogées voient ces espaces comme « peu sûrs » ou « pas sûrs du tout ». Le sentiment de sécurité semble légèrement plus prédominant dans les zones urbaines et rurales comparativement à celles semi-urbaines.
Les résultats, présentés lors d’un événement à Casablanca, montrent également que 57 % des sondés pensent que les femmes se sentent « relativement à l’aise » dans les lieux publics. En outre, près de 90 % d’entre eux estiment que les libertés des femmes dans ces espaces se sont améliorées au fil du temps.
Droit d’accès aux espaces publics
Plus de 75 % des participants affirment que les femmes devraient pouvoir accéder librement à tous les espaces publics. Cependant, un cinquième des répondants s’oppose à cette idée. L’appui à cette cause semble croître parmi les jeunes générations : plus de 80 % des 25-34 ans y sont favorables, avec des taux de 77 % chez les 18-24 ans et les 35-44 ans. En revanche, chez les plus de 65 ans, le soutien tombe à environ 55,9 %.
Le niveau d’éducation joue également un rôle crucial dans l’opinion des personnes interrogées. Environ 87 % des individus ayant un diplôme supérieur soutiennent l’accès des femmes à l’espace public, tandis que cela ne concerne que 70 % des personnes non scolarisées. Malgré ces disparités, l’acceptation demeure largement répandue dans toutes les catégories.
Différences de perception entre sexes et statuts civils
Une autre constatation significative de l’enquête est la différence d’opinion entre les sexes. Les femmes se montrent beaucoup plus favorables à la présence des femmes dans l’espace public, avec un taux de soutien atteignant 83,7 %, contre 66,4 % parmi les hommes. Cette divergence suggère une prise de conscience plus aiguë des enjeux liés à la sécurité des femmes chez celles-ci.
L’état civil influence également la perception du rôle des femmes dans l’espace public. Les individus divorcés et célibataires affichent des taux d’acceptation supérieurs à 60 %, pendant que les personnes mariées se montrent plus réticentes, 52 % d’entre elles s’alignant sur cette opposition. Les veufs et les personnes mariées enregistrent des taux de soutien variant entre 45 % et 70 %, ce qui indique une complexité dans les attitudes selon l’expérience personnelle.
Accès aux établissements et libertés individuelles
Concernant l’accès des femmes aux cafés, 60 % des célibataires ont exprimé un avis positif, alors que seulement 45 % des participants divorcés et mariés partagent ce point de vue. En matière de liberté de voyager et d’accès aux hôtels, les célibataires montrent également la plus forte acceptation, à 62 %, suivis des divorcés (51 %), des veufs (34 %) et des personnes mariées (50 %).
Ces données reflètent un débat persistant sur la sécurité des femmes dans les espaces publics et signalent un besoin pressant de changer les mentalités et de renforcer les mesures pour garantir un accès égalitaire et sécurisé. La prise de conscience collective et la volonté d’améliorer la situation des femmes sont essentielles pour évoluer vers un environnement plus inclusif et respectueux de leurs droits.
