jeudi, juillet 3, 2025

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Sexisme et harcèlement : deux ex-dirigeants d’Ubisoft condamnés


Condamnations au sein d’Ubisoft : Un reflet des dérives managériales

Le tribunal correctionnel de Bobigny a prononcé des peines de prison avec sursis à l’encontre de trois anciens dirigeants d’Ubisoft, soulignant les abus systémiques au sein de la célèbre entreprise de jeux vidéo. Ces verdicts marquent une étape significative dans la lutte contre le harcèlement moral et sexuel dans l’industrie.

Un verdict sans appel

Le verdict, rendu le 2 juillet, a vu Thomas François, ancien vice-président du service éditorial, condamné à trois ans de prison avec sursis et à une amende de 30.000 euros. Ce verdict concerne des accusations de harcèlement moral, sexuel, et d’une tentative d’agression sexuelle. Son prédécesseur, Serge Hascoët — ex-numéro 2 d’Ubisoft — a reçu une peine de 18 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende.

Dévoilement d’une culture toxique

La révélation de ces comportements inacceptables a été catalysée par une série de témoignages anonymes sur les réseaux sociaux, suivis d’enquêtes approfondies publiées par la presse. Ces éléments ont mis en lumière une atmosphère de travail particulièrement toxique au sein de l’équipe éditoriale d’Ubisoft, basée à Montreuil. Thomas François a exprimé des excuses lors de l’audience pour les insultes et humiliations qu’il a infligées, dépeignant un tableau sombre du management au sein de l’entreprise.

Défense évasive et déni de responsabilité

Au tribunal, François a tenté de se disculper en évoquant « la culture Ubisoft », se présentant comme un simple exécutant et non comme l’instigateur des abus. Cependant, le parquet a vigoureusement contredit cette défense, qualifiant son comportement de « harcèlement systémique, violent et intensément ancré dans le tempo de l’entreprise ». Les faits reprochés se sont déroulés entre ses 38 et 46 ans, période durant laquelle il a exercé son pouvoir à des niveaux préoccupants, échappant à toute forme de contrôle.

Des dommages collatéraux importants

Serge Hascoët, également impliqué, a tenté de se distancer en déclarant qu’il n’était pas au courant des pratiques abusive, malgré son rôle clé en tant que directeur créatif. En réponse à ces accusations, il a démissionné après que les informations sur le comportement des dirigeants aient éclaté au grand jour. Cette situation a révélé une incapacité criante à distinguer les limites entre la vie personnelle et professionnelle, avec des employés assignés à des tâches obscures sans rapport avec leur rôle.

La lutte dans l’industrie du jeu vidéo : Un vecteur de changement

Le procès a mis en lumière le mouvement sociétal plus large du #MeToo, qui a vu le jour dans divers secteurs, y compris celui des jeux vidéo. Ce scandale a non seulement révélé les pratiques abusives au sein d’Ubisoft, mais a également suscité une prise de conscience accrue des comportements inappropriés dans cette industrie, souvent marquée par un fort machisme.

Absence de poursuites contre la direction

Un des points épineux du procès a été l’absence de poursuites contre les entités responsables, y compris Ubisoft en tant que personne morale, ainsi que son PDG Yves Guillemot et Marie Derain, responsable des ressources humaines. Cela a suscité des interrogations quant à la responsabilité collective au sein de l’entreprise, alors même que des employés se sont relayés devant la justice.

Mesures à prendre pour l’avenir

La situation chez Ubisoft appelle à une réflexion profonde et à des réformes structurelles au sein de l’industrie du jeu vidéo. L’établissement de normes strictes concernant le comportement des dirigeants et la promotion de milieux de travail sains sont essentiels pour prévenir de futurs abus. Les témoignages des victimes, ainsi que les verdicts prononcés, devraient inciter d’autres entreprises à revoir leurs pratiques managériales afin de prévenir des dérives similaires.

Les événements récents chez Ubisoft témoignent d’une évolution nécessaire dans l’industrie et soulignent l’importance de garantir des environnements de travail respectueux et sains pour tous. Cette affaire pourrait bien servir d’exemple, stimulant une prise de conscience et un changement durable dans la culture du jeu vidéo.

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