La Souveraineté Sanitaire en Afrique : Un Projet Collectif
Khalid Ait Taleb, ancien ministre de la Santé et de la Protection sociale, a souligné que la question de la souveraineté sanitaire ne peut se réduire à un enjeu national, mais doit être envisagée dans une perspective collective à l’échelle du continent africain. Lors d’un événement organisé à Rabat sur les journées africaines de l’investissement et de l’emploi, il a mis en lumière l’importance d’une approche collaborative, favorisant le dialogue et l’harmonisation des stratégies entre les nations. En prenant l’exemple du Japon, qui a connu des difficultés logistiques au début de la pandémie de COVID-19, Ait Taleb a illustré comment des pays pourtant dotés de ressources importantes peuvent se retrouver en difficulté en raison d’une dépendance excessive à l’importation de matériel médical.
Un Potentiel humain et naturel à exploiter
Ait Taleb a témoigné de l’énorme potentiel que recèle l’Afrique, tant sur le plan des ressources humaines que des ressources naturelles. Cependant, il a précisé que l’investissement ne doit pas seulement porter sur les infrastructures, mais aussi sur la prévention. Il a souligné qu’investir dans la santé préventive offre un retour sur investissement significatif, avec des économies estimées à dix dirhams pour chaque dirham dépensé dans ce domaine.
Renforcer la solidarité et l’intégration
L’ancien ministre a affirmé que bien que la dynamique sanitaire actuelle en Afrique soit encourageante, il est essentiel d’intensifier la solidarité et l’intégration entre les différents pays du continent. Une souveraineté sanitaire collective pourrait ainsi mieux répondre aux crises sanitaires futures. Il a exprimé des préoccupations concernant la fragmentation des efforts de santé entre les différentes régions d’Afrique. Cette désorganisation nuit à la création d’un système de santé cohérent et intégré.
Ait Taleb a également mis en avant l’importance d’institutions telles que le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, qui travaillent à réduire cette fragmentation en promouvant une coordination continentale. En effet, les leçons tirées de la pandémie de COVID-19 ont révélé que l’Afrique avait été souvent négligée dans les réponses mondiales face à cette crise.
Les enseignements de la pandémie
La crise sanitaire mondiale a également mis en exergue la vulnérabilité des systèmes de santé, non seulement en Afrique, mais également dans de nombreux pays développés. La situation a souligné que même les infrastructures les plus solides ne suffisent pas à garantir la résilience face aux crises. Ait Taleb a insisté sur le fait que le continent est régulièrement confronté à diverses épidémies, telles que l’Ebola et le Chikungunya, apportant ainsi une précieuse expérience en gestion des crises sanitaires. Selon lui, il est urgent de valoriser cette expérience, qui pourrait être un atout pour tous les pays africains.
Le Défi des Ressources Humaines
Cependant, Ait Taleb a mis en avant un défi majeur auquel l’Afrique fait face : la gestion des ressources humaines dans le secteur de la santé. Les professionnels de santé manquent souvent de reconnaissance, ce qui affecte leur motivation et nuit à l’attractivité de ce secteur. Cette situation complique la rétention des talents indispensables à la construction de systèmes de santé robustes.
Les Initiatives du Maroc en Temps de Crise
Le ministre a également discuté des actions entreprises par le Maroc pour faire face à la pandémie de COVID-19. Sous la direction proactive de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le pays a réagi rapidement en mettant en place des mesures efficaces dès les premières manifestations de la maladie. Cela incluait la création d’un comité de pilotage de haut niveau impliquant divers secteurs, la mise en place d’un fonds de solidarité et l’initiation d’une commission de veille économique. Ces stratégies ont permis de gérer la crise de manière coordonnée et efficace.
En somme, Khalid Ait Taleb appelle à une coopération renforcée entre les pays africains pour construire une véritable souveraineté sanitaire. Le chemin vers un système de santé intégré et résilient nécessitera non seulement des investissements financiers, mais également un engagement fort vis-à-vis des ressources humaines et un partage des connaissances et des expériences.