Isar Aerospace, la nouvelle étoile montante de l’industrie spatiale européenne
La société allemande Isar Aerospace fait sensation dans le secteur spatial en s’inspirant des méthodes de SpaceX pour concevoir une gamme de lanceurs novateurs. L’objectif ? Rivaliser avec des géants tels qu’Ariane 6 et offrir une alternative européenne crédible pour les lancements satellites.
Un vol d’essai chargé d’enseignements
Le premier essai de leur fusée Spectrum, un engin de 28 mètres de hauteur propulsé par dix moteurs fonctionnant à l’oxygène liquide et au propane, a eu lieu récemment. Malheureusement, ce lancement n’a pas été couronné de succès, se terminant par une explosion après une trentaine de secondes de vol, lorsque la fusée s’est écrasée au sol près de la base spatiale d’Andoya, en Norvège. Malgré cet échec, Isar Aerospace a indiqué que la fusée a atterri dans l’eau et que le pas de tir est resté intact. L’incident a suscité des préoccupations, mais aucune victime humaine ou dommage matériel n’a été signalé.
Josef Aschenbacher, directeur général de l’Agence spatiale européenne, a souligné l’importance de cet essai, qualifiant l’événement d’historique. Bien que ce vol n’ait pas réussi à atteindre l’orbite, il représente un jalon significatif pour l’industrie. Le cofondateur de la société, Daniel Metzler, a indiqué que ce premier vol avait atteint de nombreux objectifs, y compris la validation de leur système d’interruption de vol. Cela est particulièrement pertinent, car il est reconnu que les premiers lancements sont souvent sujets à des échecs.
Le risque des premiers lancements
Dans le milieu de l’innovation, les premiers vols de fusées sont notoirement risqués. Selon Maxime Puteaux, conseiller au cabinet Novaspace, les statistiques montrent qu’environ 50 % des nouvelles fusées échouent lors de leurs trois premiers lancements. Ce phénomène n’est pas isolé : dans le passé, d’autres entreprises, comme RFA Augsburg, ont également rencontré des défis similaires, avec des lancements qui se sont soldés par des explosions avant même le décollage.
Une convergence vers l’avenir des lanceurs
Malgré ces brûlures d’honneur, Isar Aerospace ne se laisse pas décourager. La société se prépare déjà pour ses prochains lancements, avec les modèles Spectrum 2 et Spectrum 3 en phase de production. D’ailleurs, ils estiment que réussir un lancement orbital n’est pas une sinécure, à l’instar de SpaceX, qui a requis plusieurs tentatives avant de voir son Falcon 1 atteindre l’orbite.
Maxime Puteaux souligne qu’Isar Aerospace suit un modèle inspiré des success stories américaines du New Space, tout en bénéficiant des conseils de Bulent Altan, ancien vice-président de SpaceX. Isar Aerospace adopte une approche pragmatique avec une forte intégration verticale de la production, visant à réduire les coûts et les délais de développement. Leurs méthodes incluent un prototypage rapide et des tests en conditions réelles, favorisant l’exploration et l’innovation.
Capacités et financement
Isar Aerospace est dotée d’un portefeuille de projets ambitieux et bien garni, soutenu par des investissements significatifs. Depuis son lancement en 2018, la start-up a levé environ 400 millions d’euros, faisant d’elle l’une des entreprises les mieux financées de l’écosystème européen du New Space. Parmi ses investisseurs, on trouve des acteurs majeurs tels qu’Airbus Ventures et Porsche SE, illustrant la confiance placée dans ses ambitions.
Une vision large pour l’Europe
En se tournant vers l’avenir, Isar Aerospace a pour but de devenir un acteur clé du secteur spatial, en développant des fusées à capacité plus importante et réutilisables, dans le but d’offrir une alternative viable à Ariane 6. Avec des contrats déjà signés avec de nombreuses agences et entreprises, allant des satellites d’alerte précoce aux constellations européennes, l’avenir semble prometteur.
En parallèle, la société prévoit d’étendre ses opérations en organisant des lancements depuis Kourou, en Guyane, en investissant massivement dans les infrastructures nécessaires pour soutenir cette expansion. Isar Aerospace vise entre 30 et 40 lancements par an avec cette stratégie, positionnant l’entreprise comme un joueur clé sur le marché européen dans les années à venir.
Avec des ambitions aussi larges et des défis encore à relever, Isar Aerospace pourrait bien devenir le nouveau leader dans le secteur spatial européen, à condition de continuer d’apprendre de ses tentatives précédentes et de s’adapter aux exigences du marché international des lancements spatiaux.