Incendie au Campus de l’INSEA : Un Drame Éclairant des Lacunes de Sécurité
Dans la nuit du dimanche 19 janvier, le campus des filles de l’Institut National de Statistique et d’Économie Appliquée (INSEA) à Rabat a été le théâtre d’un incendie dévastateur qui a plongé les étudiantes dans un état de panique. Bien qu’aucune vie n’ait été perdue, les récits recueillis soulignent des problèmes de sécurité alarmants ainsi qu’une gestion administrative critiquée par celles qui ont vécu cette nuit tragique.
Témoignages des Survivantes
Les premières étincelles de ce drame sont survenues vers 3 heures du matin. Des étudiantes, souhaitant garder l’anonymat, ont rapporté qu’elles ont été tirées de leur sommeil par des cris de détresse. « Nous avons entendu une fille crier : ‘Au secours ! Au secours !’ En sortant de nos chambres, nous avons vu sa pièce embrasée, et une épaisse fumée envahissant tout le bâtiment », raconte l’une d’elles. Cet incident, qui a commencé au troisième étage, a rapidement transformé la résidence en un lieu de danger imminent.
Les issues de secours, qui devraient permettre une évacuation rapide, étaient pour beaucoup coincées ou totalement impraticables, comme l’indiquent plusieurs étudiantes. « Les extincteurs étaient hors d’usage. Nous avons dû passer à travers la fumée et à proximité des flammes pour tenter de nous en sortir », affirme une survivante. Certaines jeunes femmes, prises au piège dans leur sommeil, n’ont pas eu la chance de fuir.
Critique de la Réaction des Autorités
Suite à cette tragédie, l’inaction des responsables de l’établissement a été dénoncée. Les étudiants présents sur le lieu de l’incendie sont ceux qui ont pris l’initiative de frapper aux portes pour alerter leurs camarades en danger. Les pompiers, qui sont intervenus bien après le début de l’incendie, ont constaté que les conduites d’eau pour éteindre les flammes étaient vides. Ils ont dû manœuvrer pour amener des tuyaux d’extinction depuis l’extérieur, une opération qui a également retardé leur intervention.
Les conséquences économiques de ce sinistre restent graves. « La jeune fille dont la chambre a pris feu a perdu toutes ses affaires », explique une étudiante. Malgré le drame, la direction de l’INSEA a informé que les pertes matérielles ne seraient pas couvertes par l’assurance, y compris celles de la victime.
Répercussions Psychologiques et Réaction de l’Administration
Le lendemain de l’incendie, l’administration a envoyé un courriel annonçant un report des examens de deux jours, une décision qui n’a pas été bien accueillie par les étudiantes. « Aucune aide psychologique n’a été proposée pour nous soutenir après un tel traumatisme », déplore l’une d’elles. Lors d’une rencontre avec des enseignants, certains ont minimisé l’événement, appelant à passer rapidement à autre chose.
Le traumatisme persiste cependant. Plusieurs étudiantes évoquent des difficultés à retrouver leur routine quotidienne. « Retourner dans nos chambres est devenu une épreuve. Même des gestes simples comme recharger nos téléphones sont angoissants. Comment une institution de ce niveau peut-elle ignorer notre situation ? », questionne une autre résidente.
Conditions de Vie et Sécurité au Campus
Les conditions de vie au sein du campus des filles de l’INSEA avaient déjà suscité de vives critiques avant cet événement. Manque d’hygiène, faible qualité de la nourriture et infrastructures désuètes étaient des préoccupations récurrentes. Cependant, l’incendie a mis en évidence un problème de sécurité encore plus grave qui menaçait directement la vie des étudiantes.
Malgré les efforts de la rédaction pour obtenir une réaction officielle, le secrétaire général de l’INSEA n’a pas répondu aux demandes d’information concernant l’incident.
Appel à l’Action
Les étudiantes, galvanisées par cette expérience traumatisante, militent pour une prise de conscience collective et des mesures urgentes pour garantir leur sécurité. « Nous avons déjà consenti à de nombreux sacrifices, mais la sécurité est un droit fondamental que nous ne pouvons négliger », conclut l’une d’elles.
Cette situation soulève des questions cruciales sur l’engagement de l’administration scolaire envers la sécurité et le bien-être des élèves. Les étudiantes, comme la société dans son ensemble, attendent des réponses et une action déterminée pour éviter que ce genre de drame ne se reproduise.
