Un combat pour la justice : le récit de Patricia Grand
À 54 ans, Patricia Grand exprime son indignation face à une situation qu’elle considère profondément injuste. Installée dans la région de Dijon, cette infirmière, qui a consacré plus de 20 ans de sa vie à la fonction publique, se trouve aujourd’hui confrontée à un obstacle majeur : la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales lui réclame le remboursement de 7996,32 euros, accusant un trop-perçu de sa pension.
Un parcours professionnel bouleversé
Patricia a débuté sa carrière en pédiatrie, un domaine qu’elle a toujours exercé avec passion, jusqu’à prendre la difficile décision de quitter la fonction publique en 2014. Sentant que le système ne lui convenait plus et ayant frôlé le burn-out, elle choisit de retrouver sa liberté professionnelle. Elle évoque ce choix comme étant essentiel pour sa santé mentale, se remémorant les conditions de travail éprouvantes auxquelles elle faisait face.
Mais le départ vers le secteur privé ne se déroule pas comme elle l’avait espéré. Après avoir été informée par le CHU de Dijon que sa pension ne serait que de 650 euros par mois, soit bien moins que les montants initialement prévus, elle accepte de prolonger son travail jusqu’à fin décembre 2014 afin de percevoir une pension complète. Dès le 5 janvier 2015, elle commence un nouvel emploi au Centre d’études et de recherches pour l’intensification du traitement du diabète à Besançon.
Une législation contraignante
Ce qu’elle n’avait pas anticipé, c’est que des modifications législatives entreraient en vigueur le jour de son départ. Ces nouvelles règles interdisent aux retraités de la fonction publique de récupérer de nouveaux droits à la retraite s’ils perçoivent des revenus dépassant un certain seuil. En d’autres termes, Patricia, qui avait toute légitimité à travailler, se trouve contrainte par une législation qu’elle découvre trop tard.
Pendant près de neuf ans, elle continue sa carrière, assumant ses obligations professionnelles sans être au courant que les revenus qu’elle génère compromettent ses droits à pension. C’est en octobre 2023 qu’elle reçoit une notification de la CNRACL, lui annonçant son non-droit à cumuler emploi et retraite, et lui demandant de rembourser le montant jugé excessif.
Un combat moral et administratif
Face à cette situation, Patricia décide de réagir. Bien qu’elle ait travaillé pendant la pandémie, ce qui lui offrirait une possibilité de contestation, elle se heurte à une nouvelle requête de la CNRACL l’informant qu’elle doit finalement rembourser le montant réclamé, malgré ses efforts pour se conformer aux nouvelles règles.
"Pour une journée travaillée, je perds tout," confie-t-elle, dévastée par la tournure des événements. Sa détermination à faire entendre sa voix la pousse même à écrire au président de la République, qui répond de manière formelle, indiquant que son bureau ne peut pas se substituer aux autorités compétentes.
Vers une issue judiciaire ?
Réalisant l’ampleur des conséquences de ces décisions administratives, Patricia exprime des doutes sur sa capacité à obtenir justice. Elle regrette de ne pas avoir choisi une autre voie : "Si j’avais su, j’aurais démissionné et attendu tranquillement ma retraite." Cette prise de conscience amère ne fait qu’accentuer sa frustration envers un système qu’elle estime dysfonctionnel.
Aujourd’hui, elle envisage même d’amener l’affaire devant le tribunal administratif, mais la perspective de frais juridiques la tracasse. Face à cette situation, elle doit jongler entre ses obligations professionnelles et le remboursement exigé, elle-même consciente que ses deux enfants continuent leurs études.
"Savoir que je pourrais perdre l’essentiel de mes droits à la retraite m’angoisse chaque jour," déclare-t-elle, révélant à quel point cette situation affecte son quotidien. Patricia Grand reste cependant déterminée à plaider sa cause, espérant que la justice finira par lui donner raison.