L’expérience de la mer à la portée de tous
Naviguer sur la Manche sans trop se mouiller est désormais possible grâce à une initiative novatrice. Un groupe de passagers a récemment eu l’occasion de faire cette traversée à la voile, une aventure qui allie respect de l’environnement et découverte maritime. Andrew Simons, le capitaine du catamaran de 17 mètres de la start-up SailLink, a averti ses voyageurs que la mer pouvait être un peu agitée, mais cela n’a pas entamé l’enthousiasme des participants. Le trajet reliant Boulogne-sur-Mer à l’Angleterre s’appuie uniquement sur l’énergie éolienne, une alternative durable aux ferries conventionnels.
Lors d’une traversée particulièrement venteuse, Johannes Schneider, un passager de 67 ans, a exprimé sa satisfaction d’avoir choisi SailLink pour son voyage. Bien qu’il ait dépensé 85 livres, soit environ 98 euros, ce montant est supérieur au tarif d’un passage piéton en ferry. Cependant, il considère l’expérience nettement plus enrichissante, lui permettant de vivre la traversée plutôt que de rester enfermé dans un vaste bateau.
Un retour à la nature
Andrew Simons insiste sur l’importance de travailler avec la nature. Le service proposé par SailLink est conçu pour s’adapter aux marées plutôt que de lutter contre elles. Ce catamaran peut accueillir jusqu’à douze passagers, et tout est mis en œuvre pour assurer leur confort, même en mer agitée. Avec des couvertures, des viennoiseries et des infusions à la menthe à disposition, l’équipage s’assure que chaque passager se sente à l’aise malgré les caprices de l’océan.
Une vision innovante pour la navigation
Le projet SailLink a vu le jour en 2019, lorsque Simons, alors en route vers l’Angleterre, s’est demandé pourquoi ne pas utiliser les petits voiliers amarrés à la marina de Cherbourg pour remplacer les ferries. Son objectif était de proposer une alternative pour les voyageurs qui, comme lui, n’utilisent pas de voiture et souhaitaient une connexion directe entre deux villes. Après avoir envisagé divers concepts, il en est venu à une solution inspirée par le modèle des ferries, offrant ainsi un service régulier, adapté aux piétons et aux cyclistes.
Pour concrétiser son rêve, Andrew Simons a levé 500 000 euros, une somme qui a permis d’acquérir le catamaran. Ce financement provient principalement d’investisseurs privés qui croient fermement en son projet. Aujourd’hui, des services similaires émergent également en France, témoignant d’un intérêt croissant pour le transport à la voile, comme en attestent des initiatives comme Sailcoop et les Iliens, respectivement sur la ligne Saint-Raphaël-Corse et Quiberon-Belle-Ile.
Défis de la navigation en mer
La navigation dans le détroit n’est toutefois pas sans danger. Récemment, une traversée a vu le catamaran se heurter à un porte-conteneurs, illustrant les défis de naviguer dans cette zone densément fréquentée. En effet, la Manche est l’une des eaux les plus embouteillées du monde, avec un passage quotidien d’environ 700 à 800 navires commerciaux. Malgré ces obstacles, SailLink a réussi à effectuer la traversée entre Boulogne-sur-Mer et Douvres en moins de quatre heures, un exploit qui, bien que moins rapide qu’un ferry, offre une manière plus significative d’apprécier la mer.
Le concept de voyage lent, où l’expérience prime sur la rapidité, gagne en popularité. Selon des experts, cette tendance pourrait favoriser un retour aux bateaux à voile et aux transports tels que ceux des trains de nuit. Même si ce mode de transport est actuellement marginal, il pourrait prendre de l’ampleur dans les années à venir.
Vers un avenir plus vert
La nécessité de transformer le secteur du transport maritime se fait de plus en plus pressante. Le déplacement à la voile se profile comme une alternative viable face à l’empreinte carbone de la navigation traditionnelle. Alors que de nombreuses technologies prometteuses, comme l’hydrogène, ne sont pas encore prêtes à être mises en œuvre, le transport à la voile représente actuellement l’une des meilleures options pour réduire les émissions de gaz à effet de serre générées par le secteur maritime. Il est estimé que le transport maritime est responsable de près de 3 % des émissions mondiales de GES, ce qui souligne l’urgence de passer à des solutions plus durables.
Adopter des modes de transport plus respectueux de l’environnement ne se limite pas aux choix individuels, mais nécessite un passage à l’action collective pour favoriser un avenir maritime plus écologique. SailLink, avec son approche innovante et durable, se positionne comme un pionnier dans cette transition, offrant à ses passagers non seulement une expérience de voyage unique, mais également une contribution à la préservation de notre planète.