Véron Mosengo-Omba : un passé tumultueux à la CAF
La Confédération africaine de football (CAF) se trouve dans une situation délicate après l’abandon des poursuites judiciaires à l’encontre de son secrétaire général, Véron Mosengo-Omba. Cette décision a été actée par le ministère public du canton de Fribourg, en Suisse, le 23 janvier. Le manque de preuves a conduit à la clôture de l’enquête, qui avait débuté en février 2024 suite à des soupçons de blanchiment d’argent signalés par une banque. Ces accusations concernaient des bonus considérés comme excessifs que Monsieur Mosengo-Omba aurait perçus au cours de son mandat et des allégations de gestion déloyale.
Les doutes entourant sa gestion ne s’arrêtent pas là. Bien que les autorités judiciaires suisses aient abandonné les charges, une enquête interne à la CAF a été ouverte, provoquée par un rapport qui jette le doute sur son intégrité et son style de gouvernance. Ancien directeur des associations membres de la FIFA, Mosengo-Omba est accusé d’avoir favorisé certaines fédérations africaines tout en exerçant un management autoritaire.
Soupçons de malversations et de gestion opaque
Les critiques à son égard ne s’originent pas seulement d’allégations de corruption. Elles proviennent également d’anciens collègues, comme la nigériane Abiola Ijasanmi, qui a dénoncé des comportements qualifiés de « harcèlement » et d’« intimidation » pour la pousser à démissionner de son poste au sein de la CAF. Le rapport, commandé par le département de la gouvernance et de la conformité de l’organisation, a été rendu public en août 2024 et met en lumière divers manquements au niveau des conditions de travail et de la sécurité au sein des locaux de la CAF, basés au Caire.
Des témoignages ont affirmé que Mosengo-Omba ne prenait pas en compte les différents problèmes signalés par le personnel, notamment en ce qui concerne le cadre de travail des employés et les mesures de sécurité. À la lumière de ces révélations, certaines voix au sein de la CAF plaident en faveur de son départ, ce qui montre un profond schisme dans la perception de son rôle.
Un climat de mécontentement croissant
Des discussions internes laissent à penser que la position de Mosengo-Omba est de plus en plus critiquée. Un membre du comité exécutif a partagé que « certaines personnes aimeraient qu’il quitte ses fonctions, car il est perçu comme clivant ». Ces tensions au sein de la CAF témoignent d’un désenchantement croissant vis-à-vis de sa manière de gérer les affaires courantes.
En septembre 2024, la commission d’audit et de conformité a suggéré une suspension temporaire, recommandation qui n’a pas été mise en œuvre. Ce constat souligne l’impasse dans laquelle se trouve la gouvernance de la CAF, surtout en l’absence d’un président actif. Patrice Motsepe, président de la CAF, est souvent éloigné de l’organisation par ses engagements personnels, laissant ainsi le champ libre à Mosengo-Omba.
Potentiel de nomination controversé
Certaines actions de Mosengo-Omba, telles que des nominations à des postes clés sans l’accord préalable du comité exécutif, candent la situation. Des nominations controversées, comme celles de Sarah Mukuna à la direction des associations membres et d’Reem Adel aux ressources humaines, ajoutent une couche de complexité à son rôle déjà contesté.
Ce climat survolté est surtout accentué par les allégations d’inefficacité dans la circulation des informations au sein de la CAF, rendant sa gouvernance opaque aux membres de l’organisation. Cela alimente des rumeurs selon lesquelles ses partisans se réduisent au fur et à mesure que les problèmes s’accumulent.
Une amitié influente mais contestée
Malgré ces troubles, la position de Mosengo-Omba reste relativement solide, en grande partie grâce à son lien personnel avec Gianni Infantino, le président de la FIFA. Originaire de Kinshasa, il a tissé des relations étroites avec le dirigeant du football mondial, ce qui semble renforcer sa position auprès de certains dirigeants africains, qui estiment que la FIFA, bien qu’elle ne contrôle pas la CAF, a une connaissance intime des événements qui s’y déroulent.
Lorsqu’interrogé sur l’impact de son style de gouvernance et l’avenir de la CAF avec lui à sa tête, un ancien membre de la FIFA a suggéré que le soutien de Mosengo-Omba par Infantino pourrait lui conférer une certaine légitimité, du moins à court terme. Cependant, les appels à un changement se multiplient alors que des questions sur la transparence et l’intégrité de la CAF demeurent. Au final, la route qui attend la CAF semble semée d’embûches si les mêmes pratiques et comportements persistent.